Je me lève, il est 7 h 30 et on est dimanche. Je me suis couchée tard hier soir à cause de mon séjour prolongé sur l'ordinateur afin de finir de rédiger mon devoir pour la semaine prochaine. J'ai été tellement absorbée que je n'ai pas fait attention à l'heure. Le pire, c'est que ça fait une heure que je me tourne et retourne dans mon lit pour tenter de me rendormir. Je suis fatigué, mais pas moyen de trouver le sommeil.
Finalement, j'en ai eu assez. Et voilà, je suis debout devant mon lit, comme une idiote, et je ne sais pas ce que je vais faire. Mon ventre émet soudainement un bruit de protestation. Bon, je pense que le choix et fait. J'ai faim. Mais avant, une douche quand même.
Je récupère mes affaires de toilettes et file dans les douches sans faire de bruit. Rapidement, j'en profite pour me laver les cheveux et sors des douches en moins de 10 minutes. Je déteste y rester des heures, je me sens trop molle après. En revanche, enfant, j'y passais des heures avec Hiroki. Il était si chou quand il jouait avec les bulles de savon!! Même si en grandissant, il devenait extrêmement réticent à ce que je vienne avec lui dans la salle de bain. Je suppose que c'est normal, après tout c'est un garçon et il entrait dans la phase "puberté". Aucun ado n'apprécierait d'être considéré comme un gamin à cet âge.

J'ai vidé une partie de mon sac sur mon lit cherchant mon portable qui, j'en suis certaine, a sonné. J'ai froid, je suis à moitié nue, j'ai les cheveux qui me collent le visage et me trempent les épaules et le dos et je ne parviens pas à trouver ce fichu téléphone! Une meilleure proposition pour tomber malade à part me rouler nue dans la neige? Non, je ne crois pas.
Tant pis, j'en ai marre maintenant. Je soulève mon sac et fais tomber le tout sur le lit. Mon portable fais un bruit sourd en tombant sur le sol. Je lâche mon sac et récupère le téléphone.
Non... il n'a pas sonné...!!
Saleté de portable!!

Au bout de plusieurs minutes de débat, je suis enfin parvenue à m'habiller. Pour aujourd'hui j'ai décidé de mettre mes habits favoris, ceux que mon frère adorait me voir porter. Pour être précis, il s'agit d'un débardeur gris et bleu avec la jupe et les manches détachables assorties. J'ajoute une cravate turquoise et une ceinture tombante puis enfile mes bottes, assorties à ma tenue.
Je l'avoue, je suis très lente à me coiffer. Mais en voyant mes cheveux, vous comprenez aisément pourquoi pas vrai? Il me faut 10 minutes pour les brosser entièrement, et selon la coiffure que je veux il me faut 10 minutes supplémentaires. Seulement aujourd'hui, je n'ai pas envie de me casser la tête. Alors je m'attache les cheveux en deux couettes, les plus hautes possibles, afin qu'aucune mèche ne touche le sol. Ne trouvant pas mes rubans turquoise, je noue mes cheveux avec le rose et noir puis secoue la tête pour vérifier que le tout tient sans encombre. Parfait.
Je récupère mon sac à bandoulière noir, maintenant direction la cafétéria. Vu qu'il est 9 h 30 passé, je pense qu'elle devrait être ouverte. Je m'approche du grand miroir de ma chambre et entre à l'intérieur, tel une simple porte.
Le grand couloir sombre me semble désormais si familier que je n'ai plus cette crainte comme au début d'être engouffrée par les ténèbres. Je passe plusieurs mini-couloirs avant d'atteindre celui que je désire. Comme il n'y a pas de miroir à proprement parlé dans la cafétéria, je suis obligée de passer par les vitres. Seulement j'utilise toujours la même, par précaution je suppose. A cette heure, personne ne s'installe ici.

Je franchis avec une simplicité déconcertante la vitre, mais au lieu de me retrouver devant la table déserte à laquelle je m'attendais, je tombe presque nez-à-nez avec un grand professeur aux cheveux noirs. Surprise, je reste immobile quelques secondes avant de saluer le professeur avec un air légèrement désolé.

Si je colle trop ce prof, ça risque fortement de l'incommoder, mais franchement je m'en fiche. Je n'ai pas envie de déjeuner seule ce matin. Donc il ne me reste plus qu'à m'incruster à sa table. Et puis, vu qu'il n'est pas mon professeur, je peux l'embêter comme je veux, il ne me le fera pas regretter plus tard!

Le prof hoche la tête en guise de simple réponse, visiblement je l'ai coupé dans ce qu'il allait dire. Dommage. Le voilà qui prend place et couvre du regard une grande partie de la salle, fixant d'avantage les élèves que les deux ou trois autres professeurs présents. Je sens que mon estomac s'apprête à protester de nouveau, du coup je ne prends pas la peine de m'asseoir immédiatement. Je me contente de laisser mon sac sur une chaise, d'où j'extirpe un mini-miroir et mon porte-feuille. Je place son jumeau sur le dessus de mes affaires puis referme le sac avant de filer sans un regard en arrière vers le comptoir. Je ne sais pas s'il a fait attention ou pas, mais vu que j'ai laissé mes affaires à sa table c'est que je compte bien m'y installer en revenant. Ce n'est pas comme si j'allais le mordre en m'installant là.
J'achète une pomme avec un bon pain au chocolat, je suis trop gourmande, Hiroki me l'avait déjà dit. Mais la gourmandise est un défaut si doux que je ne peux pas résister ♥ ♥
Finalement je retourne vers la table et pose mon déjeuné sur la table avant de ranger mon porte-feuille et les deux miroirs à leurs emplacements habituels.
Toujours pas compris pourquoi je fais ça? C'est pourtant logique : pour éviter les vols. Je me suis fait piquer une fois mon sac déjà, on me la refera pas! Les deux miroirs sont suffisamment larges pour que j'y passe ma main et une partie de mon bras. Ainsi, je peux savoir où se trouve mon sac en cas de vol et même connaitre le visage du voleur ♥

Je commence à grignoter mon pain au chocolat, je sens mon estomac qui frémit d'impatience. Drôle de métaphore... c'est amusant! Après quelques bouchés, je finis par céder à la tentation de questionner ce prof. Cette question qui me taraude dans la tête et agaçante, et si je ne parviens pas à avoir de réponse ça va me frustrer je me connais.

De plus, je ne risque rien à le questionner. Ce n'est pas mon prof. Mais c'est bizarre, je n'ai pas souvenir de l'avoir eu ou vu auparavant.

Tapotant mes mains l'une contre l'autre pour enlever les miettes, j'attaque ma pomme avec le sourire en attendant ses réponses. Même si, je l'avoue, je m'attends plus à un silence ou à son départ si je l'agace. Qui ne tente rien n'a rien, de toute façon.

Le ton glacial avec lequel il me répond me confirme l'idée qu'il n'apprécie pas que je me sois incrusté à sa table. Amusant, ça me donnerait presque envie de le taquiner encore plus.

Jolie voix n'empêche. Elle me fait penser à la voix d'un acteur que j'ai vu dans je sais plus quel film... Je crois que c'était un truc américain... hum... je sais plus, j'ai oublié. Tant pis! Mais le voilà qui reprend sur le même ton las et vaguement irrité, comme s'il voulait me faire partir. C'est surement le cas d'ailleurs. Dommage, je suis très têtue mon cher!

Oh oh! Le voilà qui soupire! Se pourrait-il que quelque chose l'énerve dans son job? On fait pas un boulot de prof quand on n'en a pas envie mon cher <3
En tout cas, ce mec est véritablement amusant. Je n'ai pas souvenir d'avoir encore vu un prof qui soit aussi peu... bavard ou décidé à me faire partir d'un simple regard. En général, c'est plutôt les autres qui s'en vont parce que je les énerves, ou alors ils participent avec entrain à la conversation que je leur force à avoir. En tout cas, ils ne tentent jamais de me dissuader de rester près d'eux, ou ils abandonnent très vite cette idée en comprenant à quel point je peux être collante!
Je croque une nouvelle fois dans ma pomme puis le pointe du doigt, pomme toujours à la main, et lui sourit avec amusement.

Un petit gloussement me prend, très vite balayé par un nouveau morceau de pomme. Derrière moi, je sens les regards des autres élèves qui me fixent avec effarement. Je comprends rapidement pourquoi. Tous semblent légèrement paniqué avec ce prof. Hum, se pourrait-il qu'il s'amuse à leur faire peur? Il ne semble pas être le genre de prof à véritablement blesser ses élèves, mais les effrayés en revanche...
Du coup, je ne peux retenir un nouveau gloussement avant de rediriger mon regard vers le prof.

Je ris un instant avant d'incliner la tête légèrement en lui souriant.