Tout était tellement ennuyeux autour d’Angelia que c’en était même ennuyeux. En effet, tant d’ennui autour d’une seule et même personne ne pouvait traduire sa journée que par la même expression; ennuyeuse. Notre belle et grande demoiselle avait baigné dans une marre d’ennui aussi grande que la Japon au complet, en fait, aussi grande que l’Académie. Il ne s’était rien passé, rien du tout, encore moins que le néant, tout le monde avait été gentil avec elle, lui avait paisiblement sourit au passage, lui avait témoigné plus ou moins d’intérêt et avait ignoré ses insultes affectueuses. C’était d’un ennui mortel. Il n’y avait rien de spécial à Kiryoku quand on y réfléchissait, c’était aussi amusant qu’une patate dans un sac. Enfin, plutôt comme une patate magique dans un sac, puisque les élèves possédaient tous sans exception des talents différents. Cependant, aux yeux des élèves eux-mêmes, la magie et les capacités spéciales étaient choses normales et ennuyeuses, ainsi donc, c’était pour eux aussi intéressant qu’une patate non-magique dans un sac. Dans le même chemin d’idées, pour Angelia qui était elle-même magique, une journée à Kiryoku était soit ennuyante, soit tout à faire merveilleuse, car chaque jour, habituellement, il se passait quelque chose de spécial; un scandale amoureux, une désobéissance grave ou même un échec d’un élève. Pour elle, même le plus petit évènement devenait source d’amusement, ce qui lui faisait vivre une merveilleuse journée chaque jour. Cette journée-là, cependant, il ne s’était absolument rien passé, d’où la longue explication de l’ennui total de notre troisième année favorite.

Pour être un peu plus claire par rapport à tout ceci, pourquoi ne pas expliquer plus précisément ce jour regrettable? Pour commencer, comme à chaque matinée, notre Présidente du Club de Photographie s’était réveillée avant le lever du soleil, question d’aller taquiner un peu l’appareil photo avant les cours. Bien sûr, comme à son habitude, le soleil avait tellement prit son temps pour s’extirper des nuages qu’Angelia n’avait fait que perdre sa matinée, se retrouvant en retard, à avaler quasiment tout rond son déjeuner et oubliant de soigner sa chevelure, ce qui lui avait seulement confiné une apparence de citoyen de classe moyenne, ce qui avait littéralement touché l’orgueil de l’enfant noble. Elle avait dû demander au professeur de mathématique de lui permettre de quitter pour la salle de bain, question qu’elle prenne le temps de s’accorder une apparence digne de l’Académie, ce qui lui fut bien sûr refusé. Angelia, fidèle a elle-même avait tout de même quitté la classe, remerciant étrangement le professeur de sa compréhension, ce qui ne lui fit que gagner un soupire de plus et une incompréhension de la part de ses camarades de classe. Angelia était spéciale et différente, ça en dérangeait souvent quelques uns, mais étrangement, cette fois-là, personne ne s’était offusqué de son départ illégal et la classe avait continué le cours durant la dizaine de minutes d’absence de l’adolescente.

Le retour calme et ignoré de la jeune femme l’avait même un peu énervée, elle qui s’attendait à un regard sanguinaire ou totalement débordant de rage, elle fut bien vite déçue, car rien, elle ne reçu rien du tout. Personne ne tourna le regard vers elle, sauf ceux qu’elle considérait comme ses amis et à leur visage, elle comprenait qu’ils s’inquiétaient, comme à leur habitude quoi. C’était tellement ennuyeux, si peu de rage et si peu d’énergie. Ce fut avec une moue boudeuse que notre protagoniste était retourné s’assoir à son siège, au fond de la classe. Ce fut probablement le premier comble de l’ennui, suivit bien sûr d’un manque flagrant de réactions à diverses insultes dirigées contre des amis ainsi que des ennemis. Ayant besoin de cette attention pour considérer une journée comme potable, un manque d’affection de la part des autres élèves fut une fois encore source d’ennui et d’enmerdement. En effet, ce n’était pas la journée de notre Cooper préférée.

Il faut aussi avouer que la suite des évènements, soit tout le diner et l’après-midi ne fut pas non plus source d’amusement et de plaisir pour la Présidente du Club de Photographie. L’enthousiasme des élèves face à elle ne fut pas plus actif que dans l’avant midi, même, il fut encore moins présent, donnant à la jeune femme l’impression d’être une nuisance et une chose inutile à la société académique. Elle en fut même presque blessée, enfin, si ça n’avait pas été des quelques élèves souriants, trop polis qui lui avaient sourit dans le corridor, la voyant comme une Sempai exemplaire et merveilleuse, ce qui l’avait légèrement écoeurée. Trop d’amour était comme pas assez, c’était dégoutant et Angelia avait repoussé les sourires par un retournement de visage vers les fenêtres, ne provoquant aucune réaction chez les êtres souriants. Le comble du comble de l’ennui.

Si Angelia avait voulu se suicidé, eh bien ç’aurait été à ce moment-là. L’ennui, à ses yeux, c’était comme tenter de la tuer d’une façon atroce et sadique. Quiconque la connaissait savait que l’amusement était son passe temps favori, enfin, en dehors de la photographie qui réussissait cependant à la calmer dans les moments dramatiques. L’ennuyer durant toute une journée était comme venir écraser la moindre source de bonheur dans son âme et tuer ses raisons de rester à Kiryoku en dehors de la fuite familiale. La journée était donc un gros enfer sans feu, ni diablotins. Rien qu’une journée normale, sans «fun».

Soupirant lentement, alors que la cloche retentissait dans l’Académie, notre sympathique Angelia laissa retomber sa tête sur son bureau, repassant sans cesse le mot ennui dans sa tête, un peu comme si son âme se moquait d’elle-même à travers l’ennui et la tristesse de sa journée. Les autres élèves, fébriles à l’idée de pouvoir enfin rentrer aux dortoirs et relaxer jusqu’au lendemain, s’étaient tous précipités rapidement vers la porte, laissant Angelia ainsi que deux de ses amis seuls dans la pièce, même le professeur avait quitté précipitamment. Les deux autres, un peu mal à l’aise face à cette dépression soudaine (Ou abandon?) d’Angelia, ne purent que se regarder lentement, se demandant ensemble quoi faire pour lui remonter le moral, mais bien sûr, rien n’était jamais certain avec la troisième année, ils décidèrent donc de la laisser seule. Mauvaise idée à vrai dire. Angelia Cooper avait vraiment besoin d’attention et lui laisser ainsi de l’espace ne faisait que la faire s’enfoncer encore plus dans sa tristesse. Enfin, ils refermèrent la porte derrière eux, laissant une Angelia épuisée dans la classe, écrasée contre son propre pupitre, se demandant ce qu’elle pourrait bien faire d’ici la fin de sa journée infernale. Bien sûr, elle pourrait passer au Club, s’assurer que tout allait bien et qu’il n’y avait pas de membres utilisant le local pour des niaiseries, mais rien ne lui tentait moins que de faire ça. Elle devait donc se trouver une autre activité plus passionnante.

Relevant la tête, repoussant ses cheveux derrière sa tête en regardant le table grossièrement effacé, Angelia réfléchit et finit par se redresser en soupirant un peu plus. Le soleil rougissait dehors, laissant entrer une lueur puissante et orangée, une merveilleuse couleur. S’accoudant sur son bureau, observant la scène sereine et calme, Angelia ne put brimer un doux sourire de satisfaction. Elle aimait la nature, elle aimait son calme et sa beauté pure. S’il y avait une chose qui pouvait effacer la laideur de sa journée, c’était bien une session de photographie où elle pourrait capter cette merveilleuse nature qui se dressait fièrement devant elle, lui dévoilant tous ses atours. Attrapant rapidement son sac d’école et son appareil photo, notre troisième année préférée s’élança littéralement en courant en direction de son point de photographie fétiche; le toit.

Il n’avait fallut que quelques minutes à notre Cooper pour se rendre sur le toit, installer son appareil photo, s’assurer de ne pas avoir été vue, puisqu’il était interdit d’être sur le toit et commencer sa séance de photographies. Elle devait se dépêcher, car bien sûr, le soleil descendait rapidement et elle voulait prendre le coucher de soleil en photo, pas des étoiles. Elle eut environ une quinzaine de minutes pour prendre plus d’une centaine de photos avant d’entendre la foutue porte métallique du toit. Voilà, c’était fichu, il lui faudrait se trouver une excuse bidon, quelque chose de tout à fait faux pour expliquer sa présence sur le toit. Angelia s’était retourné d’un coup et avait littéralement lancé au nouvel arrivant.

«Nous sommes ici pour prendre des photographies…»

En effet, pourquoi mentir, c’était indigne d’une jeune femme de son rang, n’est-ce pas?

[Désolée, pas excellent :/]